ULiège, 11 mai 2023, salle L3 0/54 (rue de Pitteurs, 4020 Liège)
Cette journée d’étude portera sur l’utilisation du montage dans la littérature française contemporaine. De Nathalie Quintane à Frank Smith, en passant notamment par Manuel Joseph, Sandra Lucbert et Jacques-Henri Michot, un nombre important d’écrivaines et d’écrivains constituent leurs œuvres à partir de mots, d’expressions et de phrases qui ne sont pas de leur fait. Ils prélèvent du discours dans un matériau langagier préexistant, puis l’agencent, ou le montent, sur la page (avec ou sans modification, avec ou sans commentaire). Dans la mesure où le montage est souvent conçu, dans ce corpus, comme un dispositif critique, nous partons de l’hypothèse que s’y invente une nouvelle forme de littérature politique.
En se fondant sur l’appropriation, le plagiat et le retrait auctorial, les œuvres qui emploient le montage remettent en cause la conception moderne de la littérature, qui repose sur l’originalité et l’invention. Quels usages les écrivaines et écrivains font-ils des matériaux cités ? Quel type d’émancipation permet le montage de citation, et quel genre de savoir produit-il ? Pourquoi ce type de poétique émerge-t-il au cours des années 1990 dans la littérature française, et ne cesse-t-il de se développer depuis ?
Trois principaux axes de recherche seront envisagés :
- Un axe historique, qui visera à dresser la filiation critique de ces gestes de montage ;
- Un axe poétique (la technique du montage, le travail des citations, la question du genre littéraire…) ;
- Un axe politique (l’émancipation par la forme, la destitution linguistique du pouvoir, la remise en question de la figure de l’auteur-créateur…).