Une conférence de Géraldine Wuyckens (UC Louvain)
7 décembre 2022
Une conférence de Géraldine Wuyckens (UC Louvain)
7 décembre 2022
Depuis une bonne dizaine d’années, les mooks font le pari d’un slow journalism fortement subjectivé, d’un important travail d’élaboration matérielle du support, et d’une distribution en librairie. Le présent collectif, issu d’un colloque tenu en 2014, entend apporter une première contribution à la compréhension de ce qui constitue, non plus une simple mode éphémère, mais plutôt le signe d’une mutation profonde des formes journalistiques.
Cette séance pose la question de l’éventuelle portée critique d’une réflexivité de l’usager sur les médias numériques. Depuis les années 1970 (et notamment l’émergence de la vidéo amateur), le rapport émancipatoire aux médias s’est fondé en effet sur la croyance selon laquelle une « prise en main » de l’intérieur, par les usagers eux-mêmes, favoriserait leur compréhension des dispositifs médiatiques, les affranchirait des normes dictées par les usages « professionnels » et « industriels » de ces dispositifs, et répondrait à leur insatisfaction à l’égard des productions auxquelles correspondent ces usages « professionnels » et « industriels ». Chacun à sa manière, les deux intervenants nous invitent à déstabiliser cette croyance, en montrant que la vertu critique attendue d’une pratique réflexive des médias n’est peut-être pas si évidente, ou en tout cas n’est pas forcément là où on l’attendrait. Cette problématique générale est déclinée sur deux objets différents, qui mettent chacun en lumière deux modalités de la réflexivité : Jan Teurlings évoque les politiques dites de « transparence » adoptées par les réseaux sociaux numériques ; Pierre-Yves Hurel envisage quant à lui les communautés de créateurs de jeux vidéo amateurs, à travers leur imaginaire et leurs pratiques de « bidouillage ».